Le mulot sylvestre, un prédateur aux barrières pour amphibiens ?

Au printemps 2025, un nombre inhabituel de crapauds communs présentant des blessures au dos ont été découverts près de la barrière de protection de la zone de reproduction des amphibiens du Herzpark (Mönchengladbach-Hardt, Allemagne). La plupart des animaux concernés présentaient des lésions cutanées, mais étaient encore mobiles. Certains amphibiens ont été retrouvés gravement mutilés ou déjà morts.

Dans un premier temps, les prédateurs connus et présents sur place, tels que le renard roux, le putois et la martre, ainsi que les oiseaux (geais, corbeaux, pies), ont été soupçonnés d'être les auteurs de ces blessures. Des enregistrements vidéo ont ensuite mis les enquêteurs sur une autre piste : bien que l'activité nocturne des renards, des putois et des chats ait pu être documentée le long de la barrière destinée aux amphibiens, les mulots sylvestres étaient également très présents. Une vidéo a clairement montré un mulot sylvestre mordant un crapaud commun au dos et le traînant derrière lui.

En Suisse également, des blessures cutanées similaires au niveau du dos ont été observées à l’endroit des sites de migration d’amphibiens.

Un crapaud commun trouvé sur un site de migration avec une blessure au dos (© Amphibienhelfergruppe Lommiswil)

Bien qu'à ce jour, une seule attaque de mulot sylvestre ait été clairement démontrée, d'autres causes peuvent être écartés en raison de la spécificité des dégâts observés. Par exemple, le putois, qui apprécie les environs des plans d'eau, paralyse les amphibiens en leur mordant la nuque et les emporte dans des cachettes sûres. Dans les zones urbanisées avec des pelouses, les tondeuses robotisées pourraient également être à l'origine de blessures dorsales. Mais celles-ci étant peu utilisées lors de la migration de reproduction (mars, avril), ce problème se pose plutôt lors de la migration des juvéniles et des jeunes animaux pendant les mois d'été.

Des observations faites sur des reptiles en captivité ont montré que ceux-ci peuvent être grignotés par des rongeurs (dont le mulot sylvestre) pendant leur hibernation. Les animaux sont parfois mortellement blessés. En Australie, des attaques de rongeurs indigènes contre des crapauds buffles (Rhinella marina) ont également été documentées, sans que le poison cutané de ces derniers n’ait d’effet dissuasif (voir Predation on invasive cane toads (Rhinella marina) by native Australian rodents | Journal of Pest Science).

Le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus) (© Paul Marchesi)

Le mulot sylvestre est omnivore et se nourrit principalement de graines, de fruits, de bourgeons, d'herbes et d'insectes. Sa population est soumise à de fortes fluctuations en fonction de la disponibilité de la nourriture. Il vit dans divers habitats, notamment les haies, les lisières de forêts, les parcs et les jardins (voir Carte de répartition du mulot sylvestre en Suisse).

À l'heure actuelle, on ne sait pas comment empêcher efficacement les mulots sylvestres d'accéder aux seaux destinées aux amphibiens. Des dispositifs de protection ont déjà été testés aux sites de migration des amphibiens où l'on sait que des prédateurs tels que les martres, les putois et les corneilles sont présents, afin de rendre l'accès aux seaux plus difficile. Cependant, ces dispositifs ne devraient pas offrir une protection (suffisante) contre le mulot sylvestre, qui, avec une taille de 8 à 10 cm, est à peu près aussi grand que les amphibiens migrateurs eux-mêmes.

Avez-vous fait des observations similaires à votre site de migration d’amphibiens, notamment des amphibiens présentant des blessures au dos ? Avez-vous déjà essayé d'empêcher les mulots sylvestres d'accéder au site de migration d’amphibiens ? Nous serions ravis de recevoir vos commentaires à l'adresse suivante :migration.amphibiens (a) infofauna.ch (Email)