Première reproduction de castors depuis plus de 200 ans

Que savons-nous de l'éradication du castor dans le Pays-d'Enhaut ?
Concernant l'éradication du castor dans la région Gruyère Pays-d'Enhaut, nous trouvons des informations dans le rapport de Gerold Stocker Biber (Castor fiber L.) in der Schweiz_Probleme der Wiederansiedlung aus biologischer und ökologischer Sicht. Il y cite Robert Hainard (1962) à propos de la disparition et des dernières présences du castor en Suisse : L'Almanach helvétique fait état de castors dans le canton de Lucerne en 1804 et en Valais en 1820. En 1818, le doyen Philippe Bridel écrit : Il y a environ 20 ans, au fond du Val Ion de l'Etivaz, près de la source de la Torneresse, on a tué un couple de castors qui y avait élu domicile".

Stocker classe cette source comme suit : Ce lieu se situe à plus de 2000 m d'altitude, non loin du col d'Isenau. L'occupation d'un tel tronçon de cours d'eau semble toutefois peu probable, si l'on en croit une visite du site ; il se situe en amont d'une pente de plus de 30% en moyenne, sur 500 m de dénivelé.

Mise en perspective du témoignage de Philippe Bridel
Il semble très improbable, même d'un point de vue actuel, que des castors aient effectivement vécu à cette altitude. Il est plus probable que les indications de lieu ne soient pas correctes. Dans la Vallée de l'Etivaz, il existe toutefois des possibilités où des castors auraient pu subsister à l'époque avant d'être persécutés.

Pourquoi seulement maintenant ?
L'expansion du castor dans le bassin versant de la Sarine est assez lente en comparaison avec d'autres grands bassins versants. Cela n'a toutefois rien d'étonnant. Sur la Sarine, depuis le Saanespitz, au confluent de la Sarine, jusqu'au Parc naturel régional Gruyère Pays-d'Enhaut, les castors doivent franchir six grands barrages - dont certains sont situés dans des gorges que les castors doivent contourner à pied.

Quelle est la suite des événements ?
Avec cette preuve de reproduction, les castors démontrent toutefois qu'ils vont bientôt récupérer, lentement mais sûrement, les derniers territoires encore habités il y a plus de 200 ans.

Patrick Muriset a réalisé un film à partir des vidéos de cet été.